Pierre Rolland : « On ne refuse pas une sélection ! »
Le 07/08/2008
Le benjamin de l'équipe de France de cyclisme, Pierre Rolland, 21 ans, représente l'avenir du vélo français. On loue son ambition débordante. Il a rivalisé avec les meilleurs mondiaux à Paris-Nice, Liège-Bastogne-Liège et au Critérium du Dauphiné Libéré. Jugé trop jeune par ses dirigeants de l'équipe Crédit Agricole, qu'il quittera pour rejoindre Bouygues Telecom en fin d'année, il n'a pas disputé le Tour de France. Avant de devenir un grand leader, il est prêt à se mettre au service de Jérôme Pineau ou Pierrick Fedrigo au pied de la Grande Muraille de Chine.
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En début d'année, j'en rigolais un peu en me disant que c'était une année olympique, donc importante, mais ce n'était pas dans mes projets de venir à Pékin, je ne me croyais pas capable d'être l'un des membres de l'équipe de France, je croyais même qu'il n'y avait que quatre représentants au lieu de cinq. Puis j'y ai pensé un peu avant le Dauphiné (début juin). Après le championnat de France (où il a terminé 7è), j'étais déjà pré-sélectionné et j'ai pu m'entraîner en fonction des J.O. pendant le Tour de France.
Comment interprétez-vous cette sélection?
Elle vient dans la continuité de mon début de saison. Elle n'est pas logique mais presque. Tout se passe bien pour moi cette année. Ensuite, il faut assumer son statut. On ne refuse pas une sélection pour les J.O. Pour moi qui ai eu des sélections nationales dans les jeunes catégories, mais jamais en tant que professionnel, c'est un énorme bonheur d'être ici.
Dans quel état d'esprit abordez-vous la course?
C'est un beau circuit, qui en temps normal me conviendrait, mais à l'entraînement, j'ai éprouvé beaucoup de mal à respirer en plein effort. Les conditions ne sont pas propices à faire du vélo, elles seront déterminantes pour la course. Le même circuit, en Europe, serait beaucoup moins dur. A l'entraînement, j'ai vu que Jérôme Pineau était vraiment bien, le circuit devrait également bien convenir à Pierrick Fedrigo. Nous n'avons pas encore élaboré de tacique mais je suis prêt à me mettre à leur service. Si un petit groupe arrive au sprint, ils ont une chance de bien figurer.
Faites-vous des complexes en regardant la composition de l'équipe d'Espagne, avec les vainqueurs du Tour de France (Sastre), du Giro (Contador), du Dauphiné (Valverde)?
Oui, forcément. L'Espagne a une super équipe, l'Italie aussi (avec le champion olympique sortant, Paolo Bettini), et le Luxembourg (avec les frères Schleck et Kirchen). Mais ils ont deux bras et deux jambes comme nous. La surprise peut venir du fait qu'aucune équipe ne pourra contrôler la course, car il n'y a que cinq coureurs par nation, pas neuf comme au championnat du monde.
Qu'est-ce qui vous a marqué au village olympique?
De ne pas connaître la plupart des athlètes qui portent comme moi les vêtements de la France. J'aurais bien aimé que la discipline pratiquée soit également inscrite, car pour beaucoup, ils viennent de disciplines guère médiatisées. Pour nous, cyclistes, c'est impressionnant d'être aux Jeux Olympiques, mais la différence que nous ressentons par rapport à la plupart des autres athlètes, c'est que notre jeunesse a été bercée par le Tour de France plus que par les J.O.